12 octobre 2010

Vu: Beeson et Vaxelaire / Heavy loads

Eliane Beeson et François Vaxelaire / Heavy Loads - Lourds Fardeaux

Ce dimanche à Tervuren, c'était la "marche mondiale des femmes" 2010. Les deux photographes y exposaient 16 bâches (1,70x1,70) dans le parc du musée. Celles-ci représentent des femmes, des fillettes seulement pourrait-on dire de certaines d'entre elles, portant des fardeaux inimaginables.
Le travail est très évidemment militant, et s'envolait d'ailleurs ce lundi vers le Kivu (République du Congo), où ces photos ont été prises, pour une nouvelle animation dans le cadre de la marche mondiale.

Mais il est aussi intensément artistique.

Deux entrepots ont servi de "studio" - mais sans aucun éclairage ou autre artifice technique - qui laissent voir en arrière plan un morceau de mur clair, et la limite, plus ou moins colorée, séparant le mur du sol.
Chaque femme pose avec son fardeau. En général elle le porte.
Parfois, elle nous fait face... mais parfois aussi nous apparaît de profil, ou même de dos... Et pourtant, très étrangement, on a toujours le sentiment qu'il s'agit bien d'un portrait...
Tout se passe effectivement comme dans un portrait, mais il ne faut pas s'y tromper. Le portrait pourrait d'abord être celui du fardeau. Et ainsi celui d'une femme qui est réduite à sa charge et au poids de celle-ci. Une charge si incroyablement lourde et envahissante qu'il semble qu'elle voudrait déshumaniser sa porteuse. Un portrait qui hésite ainsi entre celui du rappel de la dignité de la personne et la présence invasive de ce poids (littéralement) d'indignité!

Bien loin de l'esthétique que la nouvelle photographie sociale belge a l'habitude de nous montrer, on est ici beaucoup plus proche d'une vision "américaine". Une frontalité rigoureuse accompagnée d'un dépouillement extrème du décor.
On pense beaucoup aux adolescents de Rineke Dijkstra, au Far-West de Richard Avedon ou aux jumeaux Mary Helen Mark et à bien d'autres encore de la même veine. A un Seydou Keita peut-être aussi.
Dans tous les cas, une dignité rendue aux plus humbles et aux plus discrets par la descente sur le terrain des procédures du studio.

Un travail que l'on voudrait voir poursuivre (mais alors en argentique moyen ou même grand format) et exposer plus largement.

Voir aussi Free Advice.

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