Steichen au Jeu de paume
Le choc: Rodin devant le monument à Victor Hugo / 1902, gomme bichromatée. Une image tout à fait remarquable de présence et de matière. La statue de Victor Hugo tout en blanc, la silhouette de Rodin tout en noir. Et à côté d'eux un no mans land de matière. Prodigieux. Si vous avez aimé cette photo, Rodin le penseur / 1902, vous paraitra tout à fait fade... et vous passerez outre...
Pour les voir de près, arrêtez vous devant The flatiron - Evening in New York / 1905 / photogravue de Camera Work et Moonlight - The pond / 1904 / héliogravure de Camera Work. Il ne s'agit évidemment que de reproductions mais chacune de ces photos a un quelque chose qui accroche.
Ne manquez pas: Storm on the garden of the gods Colorado / 1906 - contact au charbon. Hyper contrastée, hyper minimaliste, on quitte le pictorialisme et son côté romantique usuel pour passer dans l'art moderne et les taches de couleur. Etonnant aussi de savoir qu'il s'agit d'un tirage par contact alors qu'il dépasse le format A3.
Vient ensuite un virage pour quitter le pictorialisme et prendre une approche plus moderne de la photographie qui ne m'a pas véritablement convaincu, sauf quelques travaux:
Sunday papers, west eighty sixth street New York / 1922, est pratiquement du documentaire social, de l'instantanné minimaliste, totalement absent par ailleurs de l'oeuvre de Steichen.
Sunday night on fortieth street / 1925, réputé caractériser sa nouvelle façon de photographier me paraît encore profondément inspiré du bon côté du pictorialisme que Steichen avait alors repoussé. Nuit, athmosphère, on n'est pas très loin de son flatiron, le romantisme en moins.
Et l'on pourra apprécier aussi ses travaux hyper structures, par exemple pour les tissus Stehli Silk en 1922, par assemblage d'objets quotidiens (couverts, lunettes, allumettes) en regrettant qu'il n'ait pas poursuivi dans cette ligne.
Pour le reste, il me semble qu'il vire alors dans une photographie purement, voire stupidement, commerciale. Froide, détachée et sans génie.
Ses portraits, à toutes les époques, m'ont paru froids et sans intérêt... alors que ses autoportraits tranchent. On aurait dit qu'il mettait dans sa propre représentation ce qu'il n'osait pas demander à ses modèles. Et quand l'un de ces portraits semble avoir un quelque chose de plus, par sa composition ou son éclairage, on a le sentiment que rien ne passe entre le modèle et le spectateur. Que rien n'est passé entre le modèle et le photogaphe. Bien fait mais aussi barbant que des portraits du Studio Harcourt.
Surprise enfin avec ses photos de la guerre 40. Des cadrages dynamiques. Des angles variés. Du pris sur le vif... Si ce n'avait pas été le cas... j'aurais dû faire demi tour pour ne pas sortir sur une mauvaise impression !
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