01 août 2011

Vu: Sarah Moon / Coincidences

Sarah Moon / Coïncidences
Le Botanique / Rue Royale, 236 / 1210 Saint-Josse-ten-Noode
8/6/2011 - 14/8/2011

Ne trainez pas, il ne reste plus que deux semaines pour voir cette superbe exposition.
Au premier coup d’œil, les photos de Sarah Moon m'ont d'abord évoqué Joel Peter Wiktin, sans doute à cause des tonalités, et de la matière de se images... mais alors sans le maniérisme et le baroque de ce dernier. A un Jan Saudek parfois aussi, mais lui aime trop la netteté et le détail.
Et puis, en plongeant plus loin, en se laissant approcher par chacun des clichés, on découvre une vision tout à fait originale et unique.

Il y a la matière d'abord. Surtout en noir et blanc, des clichés agressés, baveux, objet d'aléas qu'on n'arrive pas vraiment à imaginer. L'image est parfaite, et en même temps semble avoir vécu des années dans des vapeurs délétères. Encore moins identifiables qu'il n'y a jamais la trace du geste: ni la griffe, ni le coup de pinceau, ni le pli. Sarah Moon en ce sens est véritablement fille de l'analogique, et de la chimie qui l'accompagne.
Remarquable ensuite le regard qu'elle développe sur les choses et les êtres. Un regard étriqué. Renforcé souvent par les bords caractéristiques du négatifs polaroid, qui lui font comme un cadre, il travaille presque toujours dans la plongée, et de si près que les extrémités, têtes, pieds, disparaissent souvent de l'image, où vont bientôt disparaître.
Admirable enfin dans l'abandon du souci de fidélité et de crédibilité trop souvent attaché à la photographie: ses noir et blancs sont flous, chimiquement dégradés, cela a déjà été mentionné, mais s'attaque-t-elle à la couleur, ses couleurs ne sont plus que des éléments d'une palette, qui doit avoir sa propre esthétique, qui doit créer une image aimable... Et là où le noir et blanc nous a habitués à voir une image qui n'existe pas (qui donc voit en noir et blanc?), Sarah Moon crée ses propres rapports de couleurs de manière tout à fait étonnante.

L'exposition du Botanique mérite d'autant plus le détour qu'elle offre, sur la galerie, une vision rare: un mur entier a été peint en rouge et porte des extraits d'une interview de la photographe (que l'on lira ou pas) ainsi que deux très grandes (les seules de l'exposition) photographies couleur qui ne peuvent que fasciner le regard...

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