Rebecca Lenaerts / Trekvogels - Oiseaux voyageurs
Musée de la photographie / Avenue Paul Pastur, 11 / 6032 Mont-sur-Marchienne
24/9/2011 - 15/1/2012
"En juin 2010, à l’initiative de MUS-E Belgium, deux classes de 6e primaire, l’une d’Anvers, l’autre de Mont-sur-Marchienne se rencontrent pour la première fois au musée en vue de peaufiner ensemble leur installation Trekvogels/Oiseaux voyageurs. Telle une cerise sur le gâteau après une année scolaire de travail et d’échanges, cette installation pédagogique contenait en germe la deuxième phase du projet, artistique cette fois, l’une nourrissant l’autre et inversement.
Un double projet qui, comme son nom l’indique, invite au voyage...
Et de voyages, il en est question à plus d’un titre. C’est que celle qui a porté ce projet à bout de bras, l’artiste-comédienne Rebecca Lenaerts, aime les voyages. Les siens : de la Flandre à la Wallonie en passant par Bruxelles ou encore Berlin, elle a souvent la bougeotte ; ceux qu’elle fait vivre aux autres, par le biais d’histoires sonores. Des voyages qui tous favorisent le dialogue inter-communautaire : si deux classes d’horizons linguistiques différents avaient été intégrées dans le projet pédagogique, Rebecca a favorisé également les liens entre les deux musées de la photographie en Belgique en les impliquant l’un comme l’autre dans le projet éducatif.
Le voyage, c’est ensuite celui d’une salle d’archivage à une salle d’exposition pour une collection de diapositives conservées au Musée de la Photographie et prises par un couple de photographes amateurs pendant leurs vacances à travers l’Europe de l’Ouest des années ‘50 aux années ‘70 : le matériau de base de l’installation à découvrir dans la galerie du cloître.
Les diapositives agrandies et projetées en triptyque servent de fil rouge à la création artistique. S’y ajoute une bande sonore. Les voix, les sons viennent influencer le regard que l’on porte sur l’image et son interprétation. A moins que ce ne soit l’inverse ? Et c’est le début d’une nouvelle histoire à entrées multiples. La comédienne propose en effet un voyage entre quotidien et imaginaire. Si elle part des diapositives, elle en retient des paysages, pour une ligne graphique, un arbre évocateur ; un personnage surtout, une femme. Seule à l’image, souvent photographiée de profil, elle se dérobe au regard de son compagnon de route, pour l’heure photographe, et par là même du nôtre, redoublant par le regard les liens qui s’établissent graphiquement entre les images. Les diapositives défilent sur des rythmes variés mais la pose de cette femme reste souvent identique quels que soient les paysages. Des paysages qui font penser aux décors peints des studios photographiques du 19e siècle. Interchangeables – l’Italie pourrait tout aussi bien être la France et inversement – ce ne sont plus tant ici les lieux et les époques qui importent que les possibilités narratives et graphiques qu’ils inspirent, le phénomène de la mémoire et du vieillissement qu’ils interrogent.
Désormais le cadre est brossé, mais il reste la vie à insuffler aux personnages. C’est là que l’imagination de l’artiste entre en jeu pour créer la bande sonore, entre documentaire et fiction. Se laissant guider intuitivement par l’image et les quelques informations dont elle dispose sur le couple (telles leurs dates de naissance et de mort), mais aussi par la musique des mots, les sonorités propres à chaque langue. Et la magie opère ; la poésie surgit du silence entre deux mots, entre un son et une image, entre deux images. L’histoire ne tient qu’à un fil, à un film, le nôtre... et pour longtemps encore...
Amélie Van Liefferinge"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire