27 septembre 2011

Vu: Le temps des cerises / La commune de Paris en photographies

Le temps des cerises / La commune de Paris en photographies
Musée de la photographie / Avenue Paul Pastur, 11 / 6032 Mont-sur-Marchienne
24/9/2011 - 15/1/2012

Ceux qui aiment la commune ou la photographie ancienne aimeront cette expo... les autres iront voir les autres expos, et les collections permanentes du musée...

"Le 18 mars 1871, après la débâcle de l’armée française contre les Prussiens, la chute du Second Empire, le long siège de Paris et la famine, puis l’entrée des Allemands dans la capitale, le peuple de Paris se soulève, refusant la défaite et l’humiliation.
Si la tentative du gouvernement bourgeois d’Adolphe Thiers – qui négocie avec l’occupant – de reprendre les canons de la Garde nationale payés par souscription populaire déclenche l’insurrection, le feu couvait sous la cendre depuis 1830 dans la capitale : la création de l’Internationale en 1864 à Londres, les procès contre ses adhérents en France, l’emprisonnement de Blanqui, de Delescluze, sont quelques signes du mécontentement que le pouvoir ne parvient plus à juguler, l’expression d’une légitime revendication à plus d’égalité et de justice.
Du 18 mars au 28 mai 1871, date de la chute de la dernière barricade, mais pas hélas des massacres, soit durant 72 jours, la Commune instaurera par le travail de ses commissions le droit de vote universel, l’égalité des salaires, l’abolition de la peine de mort, la suppression du travail de nuit, l’instruction obligatoire et tant d’autres mesures qu’il faudra ensuite un siècle pour voir appliquées : le massacre des Communards n’avait pas éteint la flamme, la Commune avait un siècle d’avance.
Longtemps, dans les manuels d’histoire, la Commune et la guerre de 1870 furent confondues, mêlant adroitement la défaite infligée au Second Empire et l’insurrection qui s’ensuivit, les sinistres généraux vaincus se rachetant en sabrant leurs compatriotes et leurs anciens soldats. De cette guerre civile dont on ne voulut longtemps parler, l’on préféra retenir les ruines de Paris imputées aux Communards, elles-mêmes confondues aux bombes versaillaises ou aux ruines d’une guerre que la France provoqua. L’on justifia le massacre des insurgés, leurs exécutions sommaires, en invoquant l’alcoolisme, les agents étrangers, les mœurs dissolues et la furie des femmes converties en «pétroleuses», enflammant Paris de leurs torches – une légende tenace ; l’on opposa l’exécution de quelques otages à plus de 30 000 morts ; «la haine du pauvre» était profonde et s’exerça longtemps encore, bien après les condamnations, la déportation et l’amnistie de 1880 : il n’est jamais bon de se souvenir que les peuples se soulèvent, il est plus séant qu’on les dise attaqués.
La Commune de Paris fut la première insurrection à être autant photographiée : barricades, insurgés, ruines modernes et plus seulement antiques, elle se fit le sujet de nombreux clichés, de nombreux albums, les photographes abondant alors dans la capitale. Paris devient même durant quelques mois une nouvelle Rome où l’on venait de l’étranger découvrir et photographier les ruines encore chaudes. Il manque pourtant au «film» des journées tragiques du printemps de 1871 ce qui ferait aujourd’hui les conditions d’un reportage : il n’est, à quelques rares et précieuses exceptions, ni combat, ni massacre ; seuls demeurent les constats des événements tragiques. Ce que la photographie n’avait pu pour des raisons techniques parvenir à fixer, elle fut contrainte de le composer, comme ces mises en scène d’enfants ou de soldats morts pour Marconi, comme ces photomontages d’Appert des exécutions d’otages, des prisons ou des états-majors, la photographie se faisant ici l’inquiétante auxiliaire du pouvoir. Au départ de la collection de Jessy et Ronny Van de Velde, complétée de divers prêts provenant de collections privées ou publiques, telles le Musée Carnavalet ou la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, plus qu’une chronologie des faits, l’exposition Le Temps des cerises. La Commune en photographies se propose d’examiner le rôle de la photographie au regard des faits, sa valeur testimoniale devant l’événement, en dépassant la légende.




Xavier Canonne,
Directeur du Musée de la Photographie à Charleroi


Le Temps des cerises. La Commune en photographies
Un livre de 177 pages, 200 illustrations
Avant-propos de Xavier Canonne
Textes de Jean Baronnet et Johan Pas
Co-édition Les éditions de l’Amateur – Pandora – Musée de la Photographie à Charleroi.

Le film Une journée au Luxembourg de Jean Baronnet (1994) sera projeté, en présence de Jean Baronnet, dans l’auditoire du Musée de la Photographie le jeudi 27 octobre 2011 à 19h.
Réservation obligatoire au 071/435810.
«En mai 1871, Maxime Vuillaume, rédacteur du «Père Duchêne», est arrêté. Avec d'autres suspects, il attend son jugement au jardin du Luxembourg pendant que l’on fusille au-dehors. Condamné à mort, il est sauvé in-extremis du peloton d'exécution par un Versaillais.»"

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