24 septembre 2011

Vu: Marion Gronier / I'm your fantasy

Marion Gronier / I'm your fantasy
Musée de la photographie / Avenue Paul Pastur, 11 / 6032 Mont-sur-Marchienne
24/9/2011 - 15/1/2012

C'est pour elle que vous devez aller au musée de la photographie de Charleroi ces mois ci...
Les références s'entrechoquent: les "twins" de Mary Ellen Mark, les "freaks" divers de Diane Arbus... parce que Marion Gronier photographie bien des "monstres": pas tant des êtres qui seraient simplement effrayants, ou "monstrueux", mais plutôt, et littéralement, de ceux qu'on "montre"...
Marion Gronier nous fait surtout voir dans l'enfant, et dans ce que certains parents tentent (ou arrivent) à en faire, plus un jumeau ou un clone qu'un descendant...
Surprenant...

"Ce n’est plus seulement un jeu. Sous l’apparence ludique, ces concours témoignent le plus souvent de l’esprit de compétition de ces fillettes prêtes à défiler sur la scène, en quête des réactions d’un jury chargé de sacrer la plus belle de ces princesses d’un soir.
Je les imagine lors de leur première participation, timidement alignées côtés cour et jardin, attendant leur passage sous les feux des projecteurs et le regard attendri de leurs familles installées dans la salle des fêtes. Un peu comme dans mes souvenirs lointains des spectacles annuels de l’académie de danse, quand un joyeux désordre résonnait dans les coulisses. Aujourd’hui, concours après concours, c’est la première marche du podium qui motive ces mini miss que Marion Gronier a photographiées dans les loges des compétitions que les mères elles-mêmes – hors des circuits professionnels et des réglementations qui les accompagnent, fixant notamment l’âge minimal des participantes et limitant les dérives dans la présentation des candidates – organisent dans de petites villes du Nord de la France.
Ici, nulle trace de ce trac qui vous paralyse ou vous fait monter le rouge aux joues, c’est une détermination sans faille, une même tension palpable, un espoir sans cesse renouvelé qui se lisent dans les yeux des mères comme des filles dont les portraits, présentés en diptyque, invitent à un aller-retour répété.
Le regard franc et la ressemblance marquée, toutes fixent l’objectif, soutenant le regard du spectateur.
Noyées de tulle, de satin, de strass et de dentelle, maquillées – parfois à outrance – les fillettes, que l’on pourrait croire en partance pour un bal costumé, ont les rondeurs de l’enfance dans leurs tenues de séductrices que ne remplissent pas complètement ces corps frêles, loin encore des courbes de la féminité.
Il faut être la plus belle, la plus étincelante ou la plus originale, trouver ce petit quelque chose de plus qui la distinguera du lot. A chaque concours, un nouveau défi, pres-qu’un nouveau combat.
Comme l’exprime Marion Gronier à propos de cette série I am your fantasy, «ces portraits fille/mère fonctionnent comme des miroirs, ils interrogent la projection réciproque qui se joue à travers cette activité, les désirs intimes qui s’échangent et se confondent dans cette relation.
Ils soulignent aussi les artifices de la féminité, ces fantasmes contradictoires qui veulent une femme à la fois pure, innocente comme un ange et séductrice, obscène comme un démon. Sur ces visages et ces corps d’enfants, ces critères mêlés deviennent monstrueux et révèlent leur hypocrisie.»


Christelle Rousseau, conservatrice au Musée de la Photographie


Après des études littéraires, la photographe française Marion Gronier choisit la photographie et se consacre à ses projets personnels qui creusent la figure humaine.
De trois séjours de plusieurs mois en Asie – Chine (2005), Inde (2007) puis Japon (2008) – elle rapporte des portraits d’acteurs de théâtres itinérants, photographiés dans les coulisses.
Ce travail a été exposé au Théâtre de Nîmes en 2006, à la galerie Hudson Editions à Paris en 2007, au Festival Chroniques Nomades à Honfleur et à la Biennale Internationale de l’Image de Luang Prabang, Laos, en 2009.
Invitée en résidence à l’Atelier De Visu à Marseille en 2009, elle réalise des portraits de gitans sédentaires. D’autres séjours suivront pour approfondir ce travail. Parallèlement, elle commence un travail, encore en cours, de portraits d’artistes de cirques itinérants. "

1 commentaire:

Paquita Shalimar a dit…

Je vous conseille cet article du magazine en ligne Le Monde comme il va:
http://www.lemondecommeilva.com/mini-miss-ou-mini-pouf,253